Baby blues d\'une jeune maman

MON ACCOUCHEMENT

 

 

 

 

 

Le lundi 2 mars, je profite de ma « dernière » grasse matinée. Je ne me rends toujours pas bien compte que je vais accoucher et que j'aurai réellement ce bébé dans les bras. Je dois aller à la clinique pour 16h30. En partant, je suis un peu nostalgique en pensant que rien ne sera plus jamais comme avant. La prochaine fois que je franchirai le seuil de ma maison, nous serons trois…A la clinique, on essaie de me poser un cathéter, et, comme d'habitude, il faut plusieurs essais…mon bras droit a toujours sa veinite, le choix de la veine est donc limité. Le service de maternité est bondé, je n'aurai donc pas de chambre seule la première nuit. Je suis très déçue, car j'imagine déjà ma voisine avec son bébé qui pleure toute la nuit…La chambre est encore vide, je choisis le lit près de la fenêtre et je regarde la télévision pour ne pas penser à l'accouchement. Dans la soirée, ma voisine arrive ; c'est une dame qui souffre le martyre ; elle est en plein travail avec un col qui stagne…je suis terrorisée ! Elle a l'air d'être trop mal, elle est rouge écarlate et doit se concentrer pour parler. Je ne veux plus accoucher, ça  a l'air trop horrible. Je ne ferme presque pas l'œil de la nuit ; de toute façon, ma voisine reçoit des soins très souvent, impossible d'être au calme. De plus, j'ai de nombreuses contractions, toutes les 5 à 10 minutes. Je finis par m'assoupir en fin de nuit mais on vient me réveiller à 6h pour une douche à la Bétadine. Pas de petit déjeuner évidemment, il faut être à jeun…La sage femme qui m'emmène en salle d'accouchement, c'est Emilie, je suis rassurée. Cependant, elle finit sa garde, ce ne sera donc pas elle qui m'épaulera durant cette dure épreuve. La salle d'accouchement ne ressemble pas du tout à ce que j'avais imaginé ; c'est une grande pièce toute neuve, avec un lit d'hôpital, tout simplement. Si j'avais pu aller aux cours de préparations à l'accouchement, j'aurais pu visiter la maternité et moins angoisser…J'imaginais un genre de table d'opération avec des étriers…Il y a même un poste radio-cd. Emilie me branche le monitoring, j'ai déjà des contractions toutes les 5 minutes, avant même la perfusion qui doit déclencher le travail. Il est 6h30. La perfusion me sera posée une heure plus tard. Pendant ce temps, je suis seule dans cette grande pièce froide. Heureusement, mes amies m'avaient bien dit de prévoir des chaussettes. J'en avais acheté de belles pendant le congé maternité : roses avec des semelles antidérapantes en forme de cœur…Je me retrouve donc seule, derniers instants avec mon bébé dans le ventre. Les larmes se mettent à couler, parce que j'ai peur d'accoucher, parce que j'aime sentir mon bébé en moi, il me manquera je le sais…mon chéri arrive à ce moment là, il me rassure. Un peu avant 7h30, la sage femme de jour vient me voir. C'est Adeline, je suis contente, le courant était bien passé lors de ma première hospitalisation. Elle m'examine, mon col est presque ouvert à deux doigts, c'est une bonne chose lors d'un déclenchement. Une de mes amies s'est fait déclencher pour raisons médicales peu avant moi avec un col long et dur, et son accouchement a duré 30 heures…Adeline me pose la perfusion d'ocytocine, pour déclencher le travail. J'ai peur d'avoir mal tout d'un coup, mais elle tente de me rassurer. Peu de temps après la perfusion, les contractions se rapprochent, mais je ne souffre pas. J'envisage même de faire un peu de lecture…mais pour l'instant je me repose. Vers 9h30, mon compagnon descend boire un café et manger un croissant au relais H. Je commence à lire un magazine people, quand tout à coup j'entends un « poc », comme un ballon de baudruche qui éclate, ou un bouchon de champagne qui sort de la bouteille. Je pose mon magazine mais il ne se passe rien. Une minute après je sens quelque chose de chaud qui coule entre mes jambes. Je crois que je perds les eaux. J'appelle la sage femme ; elle m'examine et là, les chutes du niagara…je perds effectivement les eaux. Mon col est ouvert à 2-3, tout va bien. A partir de ce moment là, je commence à ressentir une certaine douleur pendant les contractions. Au début, c'est un peu comme des douleurs de règles, bien que je n'en ai eu que rarement…puis ensuite, la douleur s'intensifie, pour devenir insupportable ; chaque contraction est un supplice. Je transpire à grosses gouttes et les larmes jaillissent de mes yeux sas que je ne contrôle rien...à ce moment là arrive mon gynécologue. Il m'examine et me dit qu'il va peut être falloir penser à la péridurale. Plutôt deux fois qu'une ! Il me dit qu'il m'envoie l'anesthésiste. Le problème est qu'on est cinq à accoucher en même temps…je continue de souffrir une demie heure, et, vers 10h30, le voilà enfin. Je lui dis : « vous allez me sauver la vie ». Il me charcute un peu, et la péridurale est posée. Il me dit qu'il faut environ ¼ d'heure pour que le produit fasse effet. Effectivement, la douleur des contractions faiblit, pour s'annuler complètement ¼ d'heure plus tard. Par contre je garde les sensations, je sens toujours les contractions. C'est ce que l'on appelle une péridurale parfaite ! Je suis juste paralysée de la jambe gauche, mais cela ne m'inquiète pas, je n'ai plus mal et c'est tout ce qui compte. A partir de ce moment là, je revis. On allume le poste radio et on écoute une station que j'aime bien. Je discute avec mon chéri, j'arrive même à rire. La péridurale me « shoote » un peu, je décide de me reposer. Là, mes souvenirs restent flous, je me rappelle de la musique du poste radio…sur cette station, ce sont souvent les mêmes chansons qui passent. Le gynécologue me trouve plus détendue qu'avant la péridurale…mon col se dilate très vite. Vers 11h30, mon compagnon part manger, et je m'assoupis un peu. La sage femme me fait changer de position de temps en temps pour faire descendre le bébé. Quand il descend enfin, je le sens parfaitement, comme une envie d'aller à la selle…elle me dit que c'est normal et m'apprend que je vais bientôt expulser le bébé. Elle me demande si je me rappelle les cours de préparation à l'accouchement sur la poussée. Bien sûr je n'ai pas eu ce cours étant donné que je devais rester au repos. Elle m'explique donc vite fait et me dit de patienter encore un peu. Le gynécologue revient me voir, et il se rend compte que le rythme cardiaque du bébé diminue sérieusement. On m'installe les étriers et on m'explique qu'il faut pousser à chaque contraction. Ce que je fais, mais sans vraiment savoir si ça sert à quelque chose, car je ne sens plus grand-chose avec la péridurale. La sage femme et le gynécologue me rassurent en me disant : « c'est bien ce que vous faites, continuez ! ». Alors je continue, mais je me rends compte qu'il doit y avoir un souci car le gynécologue a un peu changé de tête. Il me dit qu'à la prochaine poussée, il faut que le bébé soit sorti. Il parle de « double cordon », je lui demande ce que c'est. En fait la petite fille a 2 tours de cordon autour du cou, c'est pour cela que son rythme cardiaque s'est ralenti. Je pousse donc une dernière fois, si fort que je retombe sur le lit en fermant les yeux, sans me rendre compte que ma fille est née. Il est 14h11. J'entends vaguement le gynécologue qui s'excuse de devoir couper lui-même le cordon. Ensuite, j'entends un cri, mais ce souvenir est lointain ; je suis shootée par la péridurale, fatiguée par la poussée et je ne sais plus ou j'habite…la sage femme me félicite et me pose le bébé sur le ventre. Je ne vois que le dessus de sa tête, je me penche pour la voir mieux et tout ce que je trouve à dire c'est : « oh, comme il est petit ! ». Et le gynécologue me répond : « ça on le savait déjà ! ». Je caresse la petite tête du bout de mon doigt. A la radio, c'est Pep's qui chante « liberta »… Je regarde mon chéri, il pleure. Je pleure aussi. Vu que la petite a souffert à cause du cordon, on me la prend déjà pour des examens médicaux avec le pédiatre. Je ne l'ai eu sur moi que quelques secondes. Mon chéri part avec le bébé. Pendant ce temps, je demande si j'ai eu une épisiotomie. La réponse est non, mais j'ai une petite déchirure, trois fois rien me dit on. Le gynécologue pratique la délivrance du placenta, puis me recoud. Cet instant me paraît une éternité. Mon chéri et le bébé reviennent. Tout va bien, la petite a retrouvé une couleur normale et tous les examens sont bons. Je la prends dans mes bras, elle est mignonne mais elle a l'air si fragile. Elle pèse 2.710 kg et mesure 47.5 cm, petit gabarit. Il ne se produit pas ce fameux coup de foudre pour le bébé. Je suis encore dans les vaps. Je dois rester deux heures en salle d'accouchement, en surveillance, en cas d'hémorragie de la délivrance. Je n'ai toujours pas le droit ni de boire, ni de manger. Je regarde ce petit être si fragile, qui cherche le sein. Seulement j'ai décidé de ne pas allaiter ; je culpabilise de ne pas satisfaire ce besoin naturel. Mais très vite on m'apporte un biberon et la petite a l'air heureuse ! On me dit qu'elle ne tètera probablement pas beaucoup, mais il s'avère que c'est une goulue ! Tant mieux, elle a du retard à rattraper. Nous prenons des photos, mon compagnon appelle la famille pour annoncer la bonne nouvelle. Pendant ce temps, je continue d'observer ce petit bébé, si mignon, pas du tout cabossé.



12/08/2009
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