Baby blues d\'une jeune maman

PRISE EN CHARGE DE MON BABY BLUES

 

 

 

 

Deux semaines après la naissance, j'ai rendez vous avec la psychologue de la maternité. J'arrive à la clinique, et les larmes montent toutes seules. Je vois la fenêtre de la salle dans laquelle j'ai accouché et j'ai un gros pincement au cœur. Je repense alors à ce moment magnifique qu'a été mon accouchement. La psychologue est une jeune femme qui m'a l'air très sympathique. Je me demande comment l'entretien va se passer, en effet, c'est bizarre de raconter sa vie à une inconnue. Elle me met bien en confiance ; elle me demande d'abord de parler de ma grossesse et de mon accouchement. Je me rends compte à quel point j'ai besoin de parler de tout cela, je vide mon sac et je pleure beaucoup. En sortant du rendez vous, je me sens un peu mieux. Nous décidons de nous revoir la semaine suivante. Je rentre à la maison, me disant que j'irai vite mieux. Dans la même semaine, des amis viennent nous voir une après midi. Il s'agit de nos amis qui ont eu une petite fille un mois avant nous. Je parle de mon baby blues avec mon amie. Elle a vécu la même chose, les mêmes sentiments, l'impression de ne pas aimer sa fille, l'absence d'envie de s'occuper d'elle. Elle utilise les mêmes mots que moi. Je me sens un peu moins anormale, puisque d'autres mamans sont dans la même situation. Pour mon amie, il aura fallu trois semaines pour venir à bout de ce baby blues. L'espoir renaît en moi…

Mais ce sera de courte durée. Mon chéri doit reprendre le travail, et sans lui, je me sens incapable de m'occuper de mon bébé. J'ai peur de rester seule avec elle toute la journée. Surtout qu'elle commence à se réveiller de plus en plus. Elle m'inquiète quand elle garde les yeux ouverts. En effet, j'ai peur qu'elle ait besoin de quelque chose  et que je ne la comprenne pas. Mon chéri me dit que c'est normal qu'elle ait les yeux ouverts, qu'elle dorme moins, le contraire l'inquiéterait. La nuit, elle commence à ne plus se rendormir tout de suite après la tétée. Je m'énerve très vite, car je veux dormir. En plus, les berceuses, ce n'est pas mon truc. Je ne suis pas du tout patiente avec mon bébé. Résultat, je ne suis pas zen, du coup le bébé non plus, c'est un cercle vicieux. Il arrive que mon chéri doive finir de la bercer car je pleure…et je culpabilise, car il a repris le travail. Il supporte tout : son travail, le bébé et moi, toujours aussi malheureuse. J'ai l'impression d'être un poids pour lui, mais il continue de s'occuper et de sa fille, et de moi sans jamais se plaindre. Je ne supporte pas de rester à la maison toute la journée avec le bébé, je me sens prisonnière. Elle est de plus en plus souvent éveillée la journée, et elle commence à pas mal pleurer. Je n'arrive pas toujours à la calmer, je suis impuissante devant ses pleurs, que je ne comprends pas toujours. Nous nous rendons compte qu'elle commence à avoir des coliques : elle devient toute rouge et gigote tout en pleurant, peu après ses biberons. De plus elle a beaucoup de reflux. Le deuxième rendez vous avec la psychologue arrive vite. Mon chéri travaille, je dois donc emmener la petite. Pour moi c'est une expédition…nous arrivons à la clinique à l'heure prévue. La psychologue parle tout doucement à la petite et nous nous installons. Je constate qu'il n'y a pas eu beaucoup d'évolution depuis la dernière fois. Je ne prends toujours pas de plaisir à m'occuper de mon bébé et parfois, je regrette ma vie d'avant. La petite se met à pleurer, mais ce n'est pas l'heure de manger. Elle devient rouge, je pense à des coliques, mais rien ne la calme. Je finis par lui faire un biberon. Elle mange, mais bien moins que d'habitude. Elle ne se calme toujours pas. Je me sens impuissante. Du coup, il est difficile de terminer l'entretien. Nous prenons donc rendez vous pour la semaine suivante, cette fois sans la petite. La petite s'endort dans la voiture, mais se réveille à la maison et s'énerve de nouveau. Je passe une horrible après midi, elle ne fait que pleurer. Quand mon chéri rentre du travail, il nous trouve toutes les deux en pleurs. Il prend la petite et l'emmène à l'étage. Au bout de quelque temps, elle se calme dans ses bras. Alors que je n'ai pas réussi de tout l'après midi ! C'est dur ! Mais bon, lui n'est pas sur les nerfs ! Un bébé ressent les émotions de ses parents, particulièrement de sa maman. Tous les mardis, je me repasse le film de mon accouchement, heure par heure. A 9h30, je me dis « tiens, il y a X semaines tu perdais les eaux ».  Je vis plus dans le passé que dans le présent. Je regrette le temps où j'étais enceinte, jamais je ne me suis sentie aussi bien dans ma peau. J'ai beaucoup de mal à faire la transition femme enceinte–maman, et pourtant je suis maman. J'ai une petite fille qui a tant besoin de moi…une semaine passe. Je remarque que je pleure beaucoup moins. Je dois voir de nouveau la psychologue. Ma belle sœur vient avec ma nièce pour garder ma petite fille. Je n'ai pas d'appréhension à la laisser, elle sera entre de bonnes mains. Avec la psychologue, nous sommes d'accord pour dire que je vais mieux. Elle sent que je comprends mieux les pleurs de ma fille et que je suis moins impuissante. Elle pense qu'il y a un réel progrès. Je me surprends à lui dire que j'éprouve du plaisir à lui donner les soins. J'ai toujours beaucoup de mal la nuit, mais la journée, ça se passe mieux, même si elle dort peu. Nous décidons d'espacer un peu les rendez vous : le prochain sera deux semaines plus tard. Je rentre à la maison, curieuse de savoir comment va mon bébé. Quand je rentre, il se produit un déclic : mon bébé me reconnaît, elle ne me quitte pas des yeux, et se mets même à pleurer pour que je la prenne dans mes bras. J'en suis vraiment émue. Je me sens enfin sa maman. Elle a un presque un mois.

En ce qui concerne les nuits, il y a toujours un réveil, en général en milieu de nuit. Elle ne se rendort pas forcément tout de suite, et je perds toujours autant patience. Elle a déjà fait quelques nuits entières depuis sa naissance…ces nuits faisaient suite à des journées sans sommeil, et faites de pleurs. Le mercredi qui suit la visite de ma belle sœur, je reçois mon amie qui a eu un bébé un mois avant moi. Elle vient sans sa fille. Nous avons du mal à discuter tranquillement, car ma petite, même dans mes bras, décide de pleurer tout l'après midi et ne ferme pas les yeux une seule minute. Mon amie retourne chez elle, et quand mon chéri rentre du travail, nous pleurons toutes les deux. Elle se calme progressivement dans ses bras. Le soir, elle est un peu énervée et nous avons du mal à la coucher. Elle s'endort assez tard, mais quelle surprise, elle ne se réveille pas avant le lendemain matin ! Je pense que nous sommes dans le même cas que les nuits entières qu'elle a faites auparavant. Mais non, le lendemain, idem, le surlendemain, idem. Quel bonheur ! Ma fille fait ses nuits, elle n'a que cinq semaines. Je me dis que j'irai mieux si je n'ai plus à me lever la nuit. Depuis le suivi avec la psychologue, je suis sur la bonne pente, mon moral va de mieux en mieux, même si je ne suis toujours pas aussi heureuse que je ne devrais l'être. En effet, je me sens un peu « inutile », même si je sais que mon bébé a besoin de moi. Je ne me sens pas à ma place à la maison. Ma petite dort très peu la journée, je ne peux rien faire. Quand j'ai quelques instants, je fais le ménage, je lance une lessive, je fais à manger…j'ai l'impression de tourner en rond. Je n'ose pas le dire, mais je rêve de retourner travailler. Je pense qu'en travaillant, tout s'arrangera : je serai plus patiente avec mon bébé, je serai heureuse de la retrouver le soir et de m'en occuper. Je n'en parle pas trop, de peur de passer pour une mère indigne. J'en parlerai à la psychologue. De plus, je me sens isolée, je ne vois personne, ce qui n'est pas le cas en temps normal. J'ai toujours détesté la solitude. Je ne suis pas seule, mon bébé est constamment avec moi, mais j'ai pourtant cette impression.

Nous décidons d'aller voir nos familles deux week-ends qui se suivent, à la mi avril. Je revois la psychologue avant de partir chez mes parents. Je lui parle de mes envies de retravailler. Elle me rassure ne me disant que pour mon équilibre, j'ai besoin de trois piliers : ma famille, mes amis et mon travail. Elle m'explique que pour certaines personnes, la famille est le seul pilier sur lequel elles s'appuient. Pour ma part, il y aussi les amis et le travail. Elle m'explique également que je ne dois pas culpabiliser par rapport à mon bébé. En effet, une maman bien dans sa peau qui travaille vaut mieux qu'une maman mal dans sa peau à la maison. Le bébé a besoin que sa maman aille bien. Je suis contente de mon entretien et je pars sereine en week-end chez mes parents. Ce week-end se passe très bien, nous en profitons pour aller au restaurant. Mes parents sont ravis de garder la petite. Pendant ce week-end, je me rends compte à quelle point ma petite a besoin de moi. Elle me cherche sans cesse du regard quand elle est dans d'autres bras. Elle n'est cependant pas sauvage. Le week-end suivant chez mes beaux-parents se passe de la même façon. Je me sens de plus en plus en phase avec mon bébé. Pendant ces deux week-ends, la petite a dormi beaucoup plus qu'à la maison, du moins la journée. Avec moi, elle ne veut jamais dormir. Il arrive qu'elle ne ferme pas l'œil de la journée et demande une attention de tous les instants. Dès que je sors de son champ de vision, elle pleure. Son papa est bien plus compréhensif que moi. Mais il travaille ! Il ne passe pas ses journées enfermé à la maison. Au début j'avais beaucoup de mal à comprendre cela. Je pensais que le problème venait de moi, que j'étais tout simplement intolérante avec mon bébé. Mais le seuil de tolérance est différent en fonction du temps passé avec le bébé dans la journée et c'est normal ! Peu après les week-ends familiaux, je vais rendre visite à mes collègues de travail. Je suis fière de montrer ma petite fille, si belle ! Mon patron est là, et il me parle de ma future reprise du travail. Il me propose de travailler plus près de chez moi, j'accepte évidemment ! Je suis vraiment contente ! J'ai l'impression de voir enfin un peu dans le futur ! Je l'informe que je ne désire pas travailler à plein temps. J'ai beau m'ennuyer à la maison, je n'ai pas envie de travailler trop non plus. Le problème est que je n'ai pas de nounou avant juillet, je dois tenir encore deux mois à la maison. Ma petite dort toujours aussi peu la journée et c'est difficile. Du coup j'improvise de nombreuses expéditions : les magasins de puériculture, les longues promenades dans ma campagne…nous sortons forcément une fois par jour, quand il fait beau, sinon, la petite pleure. Ces sorties me font voir autre chose, mais toujours le même problème, je me sens seule. Les journées passent plus vite avec les sorties. De plus, je sens que la petite est moins énervée en promenade qu'à la maison. Je me mets à penser qu'elle s'ennuie à la maison. Elle est très éveillée pour son âge et a besoin sans cesse d'être stimulée, seulement je ne peux pas jouer avec elle toute la journée ! Quand on est chez des gens ou quand des gens viennent à la maison, elle ne pleure presque jamais. Eh oui elle est le centre des attentions, elle n'a pas le temps de s'ennuyer. Alors qu'à la maison…les journées sont longues, et pour moi, et pour elle. Le mois de mai se passe ainsi : les jours passent, je vais un mieux, je suis plus en phase avec mon bébé mais je m'ennuie toujours autant à la maison. La petite ne se décide pas à faire plus de siestes la journée, il faut donc sans cesse l'occuper. Le problème est qu'elle est énervée à force de lutter contre le sommeil, et moi aussi évidemment !



12/08/2009
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