Baby blues d\'une jeune maman

SEJOUR A LA MATERNITE/DEBUT BABY BLUES

 

 

 

 

 

On me ramène ensuite dans ma chambre. Heureusement, une chambre particulière s'est libérée. Un bon plateau repas m'attend. Je me repasse sans cesse le film de mon accouchement dans ma tête. Je me dis que j'ai eu de la chance d'accoucher si vite pour un premier, et par déclenchement en plus. Il n'aura fallu que 6h40 pour que la petite naisse. En plus je n'ai souffert réellement que quarante cinq minutes à une heure. Je bénis l'anesthésiste et sa péridurale. D'ailleurs, ma jambe est toujours paralysée, mais je commence à sentir qu'elle se réveille. Elle n'est pas la seule à se réveiller…les lésions dues au passage du bébé commencent à me faire mal. Je mange, et je continue de regarder ma petite fille ; je n'arrive pas à me concentrer sur autre chose. Elle dort, paisiblement. A ce moment là, je dois aller faire mon premier pipi, j'ai un peu peur mais ça se passe très bien. Mon compagnon est heureux, je l'ai rarement vu aussi expressif. J'ai l'impression d'être moins heureuse et plus détachée. Mais je ne me pose pas de questions, je suis encore secouée par l'accouchement. Après le repas, je regarde « nouvelle star » à la télévision, sans vraiment regarder, je suis trop occuper à observer mon bébé, qui dort toujours. Une puéricultrice vient me voir pour me demander comment on s'organise pour la nuit. Pour moi il est évident que je laisse la petite à la pouponnière ; j'aurai assez de nuits à gérer à la maison…elle me dit ok, je dois amener mon bébé après la tétée du soir, si elle se réveille. En effet, un bébé passe la plupart de son temps à dormir les premières 24 heures, il doit lui aussi se remettre de l'accouchement. Mon chéri rentre à la maison, je me retrouve seule avec mon bébé, je me sens un peu impuissante. La petite se réveille vers 23h, je lui donne le biberon et je la porte à la pouponnière. Je croise une sage femme dans le couloir. Elle me conseille de garder la petite avec moi. Je lui dis que je ne veux pas et elle me dit d'essayer au moins le début de nuit. Il est possible que la petite ne se réveille pas de la nuit. Dans le doute, je porte tout de même mon bébé à la pouponnière. Mais, de retour dans ma chambre, je culpabilise un peu, ce que je n'aurais pas fait si je n'avais pas croisé cette sage femme. Je me couche, mais je ressens d'atroces douleurs, comme des contractions. J'ai l'impression de me retrouver en salle d'accouchement avant la péridurale. On me dit que ces douleurs sont des « tranchées », contractions qui permettent à l'utérus de retrouver sa taille normale. On me donne quelques cachets et je peux m'endormir. Dans la nuit, je me réveille pour aller aux toilettes. En revenant me coucher j'ai la surprise de voir une énorme tâche de sang sur l'alèse. Je savais que j'allais saigner, mais à ce point là…je n'arrive pas à me rendormir, je pense à mon bébé et mes tranchées me font souffrir. Je ne me trouve pas normale : toutes les mamans veulent allaiter et garder leur bébé auprès d'elle la nuit. Moi pas. Je finis par me rendormir malgré les douleurs et les doutes. Vers 6h du matin, je décide d'aller chercher mon bébé. Elle dort paisiblement, et ne s'est réveillée qu'une fois, vers 3h20. Elle a mangé, puis a vomi des glaires. Je la ramène dans ma chambre. Je m'assois sur mon lit et je la regarde encore. J'espère qu'elle ne va pas se réveiller avant l'arrivée de mon compagnon car j'ai peur de ne pas savoir quoi faire…on m'apporte le petit déjeuner vers 7h30, puis mon chéri arrive vers 8h. Je profite de son arrivée pour aller me doucher. Les sage femmes m'ont dit de bien nettoyer les points avec de la Bétadine. J'ai peur d'avoir mal en me lavant. Et là quelle surprise, je ne reconnais plus rien de mon anatomie, tout est tuméfié. Je ne pourrai même pas dire où se situe l'entrée de mon vagin. En sortant de la douche, je cours mettre une protection, car le sang coule à flots…je m'observe ensuite dans la glace. Mon ventre a déjà bien diminué de volume, il est tout flasque. J'ai l'impression d'avoir une poche de kangourou. Ensuite, il est l'heure d'emmener la petite au bain. Mon compagnon est heureux comme tout, je me sens un peu en décalage car je ne ressens pour dire pas grand-chose…pas d'élan d'amour, ni vraiment de rejet. J'ai bien du mal à me dire que ce petit bébé est celui qui était dans mon ventre. Je mets tout cela sur le compte de la fatigue. Les puéricultrices commencent à nous expliquer pour le bain. Nous avons encore beaucoup de mal à manipuler la petite. En effet, elle est si petite, si fragile…ce n'est pas évident ! Le bain me paraît être quelque chose de très compliqué. Avant le bain, la puéricultrice prend la température de mon bébé : elle est en hypothermie, elle sera donc dispensée de bain aujourd'hui. Finalement elle n'aura pas été lavée depuis qu'elle est sortie de moi. On nous conseille de bien la couvrir et de la garder sur nous le plus possible pour la réchauffer. Le reste de la journée, nous tentons de faire remonter sa température ; nous chauffons la chambre à 25°, et nous la gardons dans nos bras. Ceci me permet de mieux faire la connaissance de mon bébé. Mais je ne sens toujours pas ce lien qui nous unissait quand elle était dans mon ventre. Ca ne me perturbe pas plus que cela pour le moment, je profite du moment présent. Nous apprenons à changer les couches, à donner les biberons et nous prenons des tas de photos. Quand elle dort, nous l'admirons. Pour l'instant elle tète bien et se rendort aussitôt après. Mes parents et ma sœur nous rendent visite en fin d'après midi. Ils se dirigent vers le bébé et le trouvent magnifique ; elle passe de bras en bras. Je me rends compte que cela ne me gène pas. Je suis contente car je ne voulais pas faire partie de ces mamans qui ne laissent pas leur bébé être porté par d'autres personnes. Ma sœur a pensé à moi et m'a apporté une bouteille de champagne, du saucisson et un Saint Félicien bien coulant ! Tout ce que je n'avais pas le droit de manger et boire pendant ma grossesse. Cette attention me touche particulièrement. Mais je suis fatiguée. Je ne bois qu'une gorgée de champagne. Mes parents rentrent chez eux et nous revoilà tous les trois. Une puéricultrice passe pour savoir comment on s'organise pour la nuit. Je désire laisser mon bébé à la pouponnière. Je sens une certaine réserve…elle me dit de passer après la tétée du soir. Je m'exécute et je laisse mon bébé mais je culpabilise énormément. Il y a très peu de bébés en pouponnière. Les autres mamans gardent leur petit près d'elles. Mais moi, je pars du principe que je l'aurai près de moi en sortant de la maternité et pour très longtemps…je souhaite rentrer à la maison pas trop fatiguée pour pouvoir assurer les nuits. Visiblement je suis la seule à penser comme ça …donc je culpabilise et je n'arrive pas à dormir. Pourtant mon conjoint, ma famille me rassurent en me faisant comprendre que c'est le bon choix. Vers 4 heures du matin, je culpabilise tellement que je vais récupérer ma fille à la pouponnière. Elle dort paisiblement, je la regarde et je m'endors…pas pour longtemps ! A 6 heures, c'est l'heure de la tétée. J'aime cette ambiance calme, dans le noir, pour nourrir mon bébé. Après son biberon, elle vomit en jet, et pleure. Je considère qu'elle a de nouveau faim et lui redonne un biberon, qu'elle engloutit. Ensuite, elle se rendort. Après cette courte nuit, il est de nouveau l'heure du bain. Cette fois, elle n'est pas en hypothermie et a droit à son bain, le tout premier de sa vie. Pour le premier bain, les puéricultrices s'en occupent. Nous regardons, et essayons de retenir…ce qui me frappe, c'est à quel point le bébé est « glissant », tout plein de savon, quand on le plonge dans l'eau. Je me dis que je n'y arriverai jamais, du moins sans la laisser tomber. De retour dans la chambre, c'est l'heure de la tétée. Elle mange de plus en plus. Ce jour, je dois recevoir des tas de visites : mes beaux parents, mes grands parents et ma tante. Je n'ai rien contre les visites, bien au contraire, mais pas toutes en même temps…en fin de matinée arrivent mes beaux parents, émus par la naissance de ma petite fille. Vers midi, ils partent manger avec mon chéri, je me retrouve alors seule avec le bébé, qui dort bien. Tous mes visiteurs doivent venir en début d'après midi. J'espère que le bébé ne se réveillera pas quand ils seront là ; je n'ai pas envie de donner les soins au bébé devant tout le monde. J'ai peur qu'on se rende compte que je ne sais pas bien faire…manque de chance, la petite se réveille juste avant leur arrivée ; je commence à tout préparer et, à ce moment, tout le monde arrive, dans cette petite chambre déjà surchauffée. Je change la petite, et je m'installe sur le lit pour la nourrir. Tout le monde est là à regarder, je me sens mal à l'aise (et pourtant je n'allaite pas !!!). J'ai l'impression de ne plus exister. Ils sont tous gaga devant la petite, il faut croire que c'est normal…alors pourquoi ne suis je moi-même pas gaga ? C'est tout de même mon bébé ! J'ai trop chaud dans cette chambre, avec tout ce monde ; je décide d'aller prendre l'air. Le sage femme me conseille la terrasse pour bien m'oxygéner. J'y vais de ce pas et respire un grand bol d'air très froid. Je me sens mieux et retourne dans ma chambre. Malgré tout ce monde, je me sens seule et vide. Après leur départ, je pleure un peu mais je continue de mettre cela sur le compte de la fatigue et des bouleversements dus à l'accouchement. Le soir, je discute un peu avec le sage femme, qui m'explique que ces sentiments sont normaux. Il me déculpabilise de laisser mon bébé à la pouponnière et m'explique que je fais bien comme j'en ai envie ; moi seule sais ce qui est bien pour ma fille. Il me dit que j'ai bien raison de m'épargner ces quelques nuits, j'en aurai assez à gérer à la maison. Sa visite me remonte le moral et je vais mieux. Le bébé s'est beaucoup réveillé aujourd'hui, et a mangé une dizaine de fois ! Ca promet, le retour à la maison. Après la tétée du soir, je laisse mon bébé à la pouponnière, et ce, sans culpabiliser. Je vais enfin passer une bonne nuit. Vers 6h du matin, j'éprouve le besoin de voir ma petite fille. Je me lève mais je ne trouve personne dans le couloir. Je retourne dans mon lit et j'appelle quelqu'un avec la petite télécommande. Une puéricultrice arrive immédiatement et je lui demande d'aller chercher mon bébé. En revenant, elle me fait comprendre qu'il faudrait peut être que je garde mon bébé la nuit prochaine sinon je ne m'en sortirai pas à la maison, je paniquerai la nuit etc…je lui dis ok, mais à contre cœur. Mon chéri arrive et me dit qu'il restera cette nuit avec nous. Eh oui, dans cette maternité, les chambres particulières sont conçues pour accueillir également les papas. Ce troisième jour, je ne me sens toujours pas très bien psychologiquement. Je me sens vraiment vide et mon bébé me manque, alors qu'il est à côté de moi. Je ne fais toujours pas lien entre le bébé dans mon ventre et le bébé réel. C'est comme s'ils étaient deux bébés différents. J'étais en symbiose avec mon bébé quand il était en moi, et je ne ressens pas les mêmes choses, maintenant qu'il est à l'extérieur. Physiquement, je ne me remets pas bien. J'ai très mal à mes points de suture, j'ai toujours des tranchées, même si j'ai enfin eu droit à des anti inflammatoires. Niveau cicatrisation, tout va apparemment bien, les sage femmes s'extasient tellement c'est beau. Je veux bien les croire !  Mais je n'ai pas de miroir pour vérifier par moi-même. Mes saignements diminuent mais sont toujours très abondants. En fait je suis très fatiguée et je ne me sens pas heureuse. Le baby blues, me disent les sage femmes…Le gynécologue de garde passe en fin d'après midi pour m'apprendre que je sors le lendemain si tout va bien. Grosse panique ! Je n'ai encore jamais donné le bain : eh oui ce matin la petite fille était encore en hypothermie, donc de nouveau privée de bain. J'appréhende vraiment le retour à la maison, d'autant que je n'y avais pas pensé du tout… Le reste de la journée se passe et arrive le soir…première nuit à passer avec le bébé. Je suis contente que mon chéri reste. La petite se réveille vers minuit/une heure, il lui donne à manger et elle se rendort tout de suite. Elle se réveille ensuite vers cinq/six heures. Cette fois, je m'en occupe et, pour l'endormir, je lui parle doucement en lui caressant le front. Le matin, c'est le papa qui lui donne le bain, moi j'ai trop peur. Il y a ensuite la visite chez le pédiatre et tout va bien, la petite peut sortir. Reste la visite de la sage femme pour voir si je peux rentrer. La réponse est oui. Je lui parle tout de même de mes sentiments de vide. Elle me dit que je suis effectivement « vide » depuis l'accouchement et qu'il faut un certain temps pour se faire à cette idée, surtout quand on a aimé être enceinte. Elle me reparle de baby blues, me conseille de me confier, de ne rien garder en moi. Si mes troubles durent plus de deux semaines, il faudra alors s'en occuper plus sérieusement. Sur ce, nous nous préparons pour le grand départ. Nous rangeons toutes les affaires (et il y en a !!!), remplissons les formalités administratives, installons la petite dans le siège auto et nous quittons la maternité. Dehors il fait un grand soleil mais il fait très froid, il y a un vent glacial. Nous mettons un peu de temps à installer le siège auto puis nous rentrons. Le voyage se passe bien, la petite ne se réveille pas.



12/08/2009
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